Je voudrais dans cet article porter l’attention sur la manière dont le modèle du « Jeu Mental » de Gallwey peut expliquer la qualité d’une performance sportive.
Dans l’article précédent nous avons expliqué le modèle du « Jeu Intérieur Mental ».
Les éléments qui constituent ce modèle sont:
- La Conscience active/flux.
- La Confiance
- Le Choix
A Roland Garros cet année nous avons vu se dérouler plusieurs matchs et au début comme à la fin de chacun il y avait des déclarations à la presse des joueurs.
Les déclarations de Marion Bartoli
après avoir gagné contre Mariana Duque-Marino m’ont intéressé car elles peuvent nous aider à comprendre la manière dont le modèle de Gallwey fonctionne et expliquer les résultats d’une performance.
Tim Gallwey nous dit dans son livre « The inner game of tennis » que la base pour atteindre l’état de « flow » réside régulièrement dans le travail de donner du sens à l’action/activité que nous sommes en train d’effectuer.
Je rappel que l’état de « flux » est l’état dans lequel nous donnons le meilleur de nous-mêmes et où le « Soi 2 » n’a aucune interférence sur le « Soi 1 ».
Marion Bartoli au micro de l’Equipe :
« C’est une adversaire que je n’avais jamais affrontée, elle est spécialiste des terres battues qui m’ont au départ effectivement posé problème, mais globalement j’ai quand même beaucoup moins souffert que sur le premier tour (1) … et j’ai su élever mon niveau de jeu dans les moments très importants donc je suis satisfaite de ça, et j’espère continuer demain (2) ….
Mentalement effectivement, je suis très présente et je réponds présente dans des matchs très difficiles et très accrochés … donc ça c’est bien, et puis je trouve que je gère beaucoup mieux les difficultés que l’année dernière, je suis beaucoup plus calme sur le terrain, j’arrive à trouver des solutions (3), j’arrive à produire du tennis quand j’en ai besoin …. Donc globalement, je trouve que mon attitude est bien meilleure que l’année dernière (4) et puis j’espère maintenant élever mon niveau de jeu pour pouvoir atteindre la 2éme semaine. Mais il est vrai qu’avec l’expérience, je gère mieux la situation que ce que j’ai fait l’année dernière (5).
J’arrive à des moments donnés à avoir de très bons passages pendant 2-3 jeux et puis après au moment où il faut continuer d’accélérer … je ralentis un petit peu … donc c’est plutôt sur la constance et garder un niveau de jeu élevé le plus longtemps possible. »
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Les considérations que je fais ci-dessous sont basées sur la possibilité que les phrases de Marion puissent aussi faire partie d’un dialogue interne qu’elle peut avoir eu pendant le match.
Marion dans ses phrases :
- Elle semble donner à la souffrance une signification importante.
Si pendant le match elle arrive à « surévaluer » la souffrance en lui donnant des significations négatives c’est clairement le « Soi 1 » qui est en train d’interférer sur le Soi 2.
- Elle n’est pas sure de pouvoir donner le meilleure d’elle même le lendemain.
C’est toujours le « Soi 1 » qui interfère sur le « Soi 2 ».
Il faut noter aussi qu’il n’y a pas beaucoup de confiance en la possibilité de se répéter, l’autre élément du triangle « La confiance » est déficitaire.
- Il semble que l’année passée elle n’arrivait pas à gérer beaucoup de choses durant un match.
Si elle réfléchie à ces considérations pendant le match elle n’arrivera jamais à entrer dans l’état de flux.
- Elle pense que son attitude est meilleure que l’année passée, donc il est probable que pendant le match le « Soi 1 » juge en continuation la prestation et l’empêche de jouer en état de flux.
- Elle pense être capable de gérer mieux la situation que l’année passée donc là encore il est probable que le dialogue interne du « Soi 1 » bloque l’accès au « Soi 2 »
Comme dit Gallwey pour entrer régulièrement dans l’état de flux il faut concevoir et travailler sur les significations, sur le sens que nous donnons aux actions.
Sur le « pourquoi ? »
Le lendemain Marion jouera avec Francesca Schiavone et perdra.
La déclaration de Marion le jour d’après avec Schiavone:
«J’ai bien commencé, j’ai gagné les cinq premiers points et puis ensuite les jeux se sont mis à défiler et je n’ai pas réussi à me remettre dedans. (1) Evidemment son jeu est toujours gênant pour moi mais là je ne comprends pas. Je ne m’attendais pas à faire un match aussi pourri» (2)
- Phrase 1 : Il est probable qu’à cause de différents manques que nous avons signalés ci-dessus Marion pendant le match ait eu un dialogue interne qui a causé l’impossibilité d’accès à l’état de flux et au « Soi 2 ».
- Phrase 2 : C’est clairement le « Soi 1 » qui juge de façon impitoyable la performance de Marion.
Après la comparaison entre les déclarations et le modèle de Gallwey il semble normal que Marion n’ai pas avancé dans le tournoi.
Elle a probablement besoin de travailler plus profondément sur les significations qui peuvent la motiver à continuer sa carrière et seulement après, travailler sur les éléments constituant le triangle/modèle de Gallwey.
Mario Mason